Aujourd’hui professeur de Lettres et étudiante en dictatique mais née le 8 mars 1985 par un matin de neige, Marie Angèle Prétot a conservé de ce temps peu clément un goût pour la chaleur de la cheminée, l’odeur d’un bon thé et le bruit de la plume qui crisse sur le papier. Elle est si intemporelle qu’elle peut tout à la fois écrire un roman situé dans le futur et des sonnets d’inspiration XIXème. Dans la vie, elle est tout aussi kaléidoscope, se partageant entre ses trois passions : la littérature, les arts manuels, et les langues dont elle a fait son métier, puisqu’après des études de Lettres classiques, d’anglais et de français langue étrangère, elle est devenue professeur d’anglais et de français. Le temps que ses études et son travail lui laissent, elle le consacre à ses autres passions : organisation d’événements littéraires, écriture pour plusieurs revues, activités de styliste et de modèle…

Aliénor de Marie Angèle Prétot, septembre 2009. 76 pages.

Roman ? Journal ? Poésie ? A la pose de la première étiquette, Aliénor résiste déjà. C’est avant tout un cri, l’expression d’une souffrance qui ne connaîtra qu’une seule forme de répit. Un objet littéraire non identifié qui pourrait refroidir certains lecteurs, ceux qui pensent qu’un livre a toujours un début, un milieu et une fin. Inutile de réclamer de l’action, ici tout est mental, obsessionnel, animal. A la lecture de ce texte qui alterne prose et vers, italique et classique, présent et passé, on se prend forcément à compatir pour Eva, la complice aimante, à détester ce cabot d’Etienne, l’idole adolescente, et à chercher à comprendre Aliénor, enfermée dans son délire amoureux, dans sa passion autodestructrice. La tension monte inlassablement, les émotions s’entremêlent jusqu’au sang, fluide et palpitant. Deux adjectifs qui viennent qualifier au fil des pages ce premier ouvrage aussi maîtrisé que brutal.